What I lived

Quand j’étais jeune, je ne comprenais pas le fondement du cadeau de l’existence et encore moins le fonctionnement de la nature. Un cercle vicieux entre la vie et la mort. Le vent avait beau me chuchoter à l’oreille la mélodie de la connaissance, je m’obstinais à mon mutisme. À m’enfermer dans mes rêveries. À chanter sous la puissance de la lune, et lorsque ma voix s’éteignait il ne restait plus qu’un cri. Un cri de hyène prête à résister aux marées et aux tempêtes me tombant sur la tête. Même enterrée vivante, je chanterais.

À 12 ans, la voix des oiseaux me parvenaient. Je comprenais leur langue secrète sous leur gazouillement. Non, ce n’était pas en vilaine traduction de pensée humaine. Ils transmettaient de puissantes ondes qui eux alors délivraient un message. Je savais. C’était tout. Ma mère s’harmonisait à la nature elle-aussi. Elle chantait avec le vent en berçant ses bras face à la falaise. Peut-être que son pouvoir la essoufflée? Peut-être avait-elle crié trop loin?

À 15 ans, une pluie de corbeaux tombèrent du ciel juste devant ma maison. Je revenais de l’école. À ce spectacle funeste, je me rappelle m’avoir dit: c’est fini. La mort n’est que ma nouvelle existence. Je n’avais pas vraiment tord. Je découvris ce jour-là le cadavre de mon père et ma mère entrain de s’acharner à le poignarder. Encore et encore. Le corps méconnaissable déjà face à la boucherie de ma mère. Je n’ai jamais compris son geste. En me voyant, elle pleurait silencieusement tout en continuant. Comme si sa main était maudite et qu’elle ne pouvait plus la contrôler. Je mettais enfuis en hurlant, hurlant plus fort pour étouffer le bruit du succion du couteau, du sang et du cadavre de mon père.

J’ai grandi ensuite avec ma grand-mère. Fait mes études, mais ce que je rêvais de faire: chanter. La deuxième partie de mon âme. C’était plus simple de m’ouvrir un plan b. Ma boutique d’Herboriste. La nuit, je chante dans les bars. Je gagne de l’argent par ci et par là. Mais, une étrange sensation ne me quitte pas. J’ai l’impression que quelque chose ne tourne pas rond dans les lignes énergétiques de la ville. Une mélodie sombre, discordante semble y jouer. Difficile à décrypter…. Peut-être est-ce moi qui me fait des idées?

Je suis désolé, ma vie est en soi somnolente. Je ne vis pas grande chose d’exceptionnelle. Vous croyez que les sorcières ont des vies plus palpitantes? Hey non. Certes je fais des potions, j’aide mes clients et je lance des sorts, je fais mes rites comme bonne sorcière que je suis. Mais, j’évite de me mêler aux covens et aux clans. Je veux pas être dans des cacas d’oies. J’aime ma liberté et pratiquer au besoin. Peut-être que si la terre est encore en danger j’agirais cette fois… Qui sait. Il faut bien des super-héros. Dommage de ne pas avoir pouvoir comme catwoman ou superwoman. Mouais, je crains plus grand-chose de nos jours. Les Hommes sont rendus si naïfs avec les théories conspirationnistes. Ils voient des choses sous leur nez et s’emmurent dans un déni énorme. Le fil sain de la raison peut basculer si facilement…